DEUXIÈME
PARTIE (Index)
Depuis
la nomination du premier Vicaire Apostolique de Corée,
jusqu’à la persécution de 1839. 1831-1839 — 85 — CHAPITRE IV. Mort de Mgr Bruguière. — M.
Maubant pénètre en Corée.
Mgr Bruguière était
arrivé aux portes de sa mission. Ce voyage de trois
ans, ces fatigues, ces
privations, ces contrariétés sans nombre, n’avaient
fait que purifier son coeur
et augmenter sa charité. Comme l’écrivait son hôte, M.
Mouly, alors
missionnaire à Sivang ou Si-ouen-tse, et qui fut
depuis vicaire apostolique de
la Mongolie : a la pusillanimité des Coréens et les
nombreux obstacles qui se
sont successivement présentés, affligent Mgr de Capse,
sans ralentir toutefois
son zèle ni son courage. Il a fait, en traversant la
Chine, un rude
apprentissage de misères et de contrariétés ;
l’impéritie de ses courriers lui
a fait subir infiniment plus que ne souffrent
ordinairement les autres
missionnaires ; il a donné les plus beaux exemples
de’patience, de pauvreté et
d’obéissance à ses conducteurs. Des personnes
respectables, du nombre
desquelles se trouvent trois illustres prélats de ces
pays-ci, peuvent
désespérer de la réussite de sa noble - entreprise;
lui seul, comme un autre
Abraham, sait espérer contre toute espérance. Puisse
le Dieu tout-puissant, qui
bénit ordinairement les bonnes oeuvres les plus
traversées, bénir celleci et
faire arriver heureusement le pasteur au milieu de son
cher troupeau ! »
Plusieurs autres causes
encore avaient contribué à rendre le voyage de Mgr
Bruguière aussi pénible et à
entraver ses efforts. Il ne connaissait ni la langue
ni les coutumes chinoises,
et cette ignorance, on peut facilement l’imaginer,
multipliait pour lui, à
chaque pas, des difficultés que n’eût pas rencontrées
un missionnaire habitué à
la Chine. De plus, Dieu, qui l’avait enrichi de si
belles qualités du coeur et
de l’esprit, ne les lui avait pas données toutes dans
une égale mesure. Comme
beaucoup d’hommes de grande science et de grand
talent, il manquait un peu de
cette fécondité de ressources, de ce sens pratique,
que ni le courage ni la
science ne peuvent suppléer. On peut ajouter qu’à part
de rares et nobles
exceptions, les missionnaires, soit européens, soit
chinois, qu’il rencontra
sur son passage, devenus d’une timidité excessive à la
suite de continuelles
persécutions, craignant à chaque minute de voir la
Chine en feu et toutes les
chrétientés ruinées à son occasion, ne favorisèrent
pas assez son généreux
dessein. — 86 —
Mais le plus grand
obstacle, sans contredit, fut l’opposition presque
manifeste du P. Yu, ce
prêtre chinois envoyé directement en Corée par la
Sacrée Congrégation, de la
Propagande, pour préparer les voies au vicaire
apostolique. Il désirait rester
seul chargé de la mission de Corée sous la juridiction
de l’évêque de Péking,
et en conséquence avait projeté d’envoyer en Chine de
jeunes Coréens pour y
être instruits et promus aux ordres sacrés. Revenus
dans leur pays, ils
auraient pris soin de la chrétienté, sous sa propre
autorité, De cette manière,
on pouvait se passer de l’évêque et des missionnaires
français. Outre ces vues
ambitieuses, le P. Yu avait malheureusement, comme
nous le verrons, d’autres
motifs pour redouter la présence et la surveillance de
l’évêque. Il s’efforça
donc de faire goûter son plan aux néophytes coréens,
leur représenta sous les
plus terribles couleurs les persécutions, les
désastres qu’entraînerait
infailliblement la présence des Européens dans leur
pays, persécutions et
désastres qu’il devenait inutile de provoquer,
puisqu’on pouvait avoir des
prêtres autrement. Ces pauvres chrétiens, épouvantés à
la pensée d’un pareil
danger, heureux d’ailleurs de posséder enfin un prêtre
après l’avoir si
longtemps demandé et attendu, entrèrent dans les vues
du P. Yu. C’est ce qui
explique les formules dilatoires et embarrassées de
leurs premières lettres à Mgr
Bruguière. Mais bientôt, grâce à l’énergique
insistance de ce dernier, la foi l’emporta
sur la crainte ; ils entrevirent le péril où ils
étaient de désobéir au
Souverain Pontife, en refusant le pasteur qu’il leur
envoyait, et promirent de
venir à la onzième lune de 1835 recevoir leur évêque à
la frontière.
Tous les obstacles
étaient donc levés, et Mgr Bruguière allait entrer
enfin dans cette terre
promise où, selon son expression, devaient couler pour
lui des torrents de
tribulations el de souffrances. Il fit ses adieux au
bon M. Mouly, et. quitta
Sivang le 7 octobre. Mais Dieu, qui n’a besoin de
personne pour l’accomplissement
de ses desseins, se contente souvent de la bonne
volonté des fidèles serviteurs
qu’il appelle à l’honneur d’y coopérer. Le courrier
qui devait apporter la
nouvelle de l’entrée en Corée du vicaire apostolique,
apporta en échange la
lettre suivante de Mgr Donato, coadjuteur de la
mission du Chang-si : « Au Supérieur du séminaire
des Missions-Étrangères. « Révérend Monsieur : C’est
avec la plus vive douleur que je vous annonce
la mort de Mgr Barthélémy Bruguière. Parti du
séminaire de MM. les lazaristes
français, en Tartarie, le — 87 — 7 octobre 1835, pour se
rendre en Corée, il arriva le 19 du même mois à une
maison de chrétiens, sur la route, pour se reposer et
y attendre des lettres de
Mgr l’évêque de Nanking, afin de se rendre au
Léao-tong. Le 20, après dîner, il
tomba soudainement malade. Un prêtre chinois, qui
l’accompagnait, lui donna l’extrême-onction,
et une heure après il mourut. Deux messagers furent
aussitôt expédiés : un pour
le Chang-si, lequel nous apporta la fatale nouvelle;
l’autre pour Sivang, afin
de l’apprendre à MM. les lazaristes et à M. Maubant.
Nous ne savons pas encore
ce que fera ce dernier ; nous nous attendons qu’il se
dirigera vers la Corée.
Mgr Bruguière avait prédit sa mort ; dans une de ses
lettres, il nous écrivait
: « Je mourrai dans une terre étrangère, en Tartarie.
Que la volonté de Dieu s’accomplisse!
» Il avait assez souffert pour Jésus-Christ: il
méritait de recevoir sa
récompense. Nous avons la ferme espérance qu’il
intercède maintenant dans le
ciel auprès de Dieu pour la mission dont il était
chargé. « + ALPHONSE DE DONATO,
évêque de Caradre. » Le 1er novembre, vingt-quatre
jours après le départ de l’évêque de Capse,
les courriers qui l’avaient accompagné revinrent à
Sivang, et annoncèrent à M.
Maubant la nouvelle de sa mort. Le missionnaire était
resté dans ce village
pour attendre l’occasion favorable d’entrer lui-même
en Corée, car il aurait
été trop dangereux pour deux Européens de voyager
ensemble, et d’ailleurs, d’après
les conventions faites par Mgr Bruguière avec les
Coréens, ceux-ci ne devaient
introduire qu’un missionnaire à la fois. Pénétré de
douleur, mais habitué, en
vrai missionnaire, à vouloir ce que Dieu veut, M.
Maubant prit immédiatement sa
résolution. Il était trop tard pour faire venir M.
Chastan. Il partit donc seul
par le chemin qu’avait suivi l’évêque de Capse, afin
d’aller se présenter à sa
place aux frontières de la Corée. Arrivé à
Pie-li-keou, il se fit conduire
aussitôt auprès du corps de Mgr Bruguière, qui n’avait
pas encore été inhumé,
et devant les dépouilles mortelles de ce saint évêque,
il put répandre ses
larmes et ses prières. Le 21 novembre, jour de la
Présentation de la sainte
Vierge, assisté du P. Ko, prêtre chinois de la mission
lazariste, qui avait
fermé les yeux à Mgr Bruguière, M. Maubant célébra les
funérailles avec toute
la solennité possible. Tous les chrétiens du village
et des environs y
assistaient. Le corps du vicaire apostolique fut
inhumé dans une fosse — 88 — creusée sur le versant
méridional de la montagne voisine, au milieu des
sépultures des chrétiens. On plaça sur cette tombe une
pierre où fut gravé le
caractère Sou, nom chinois de l’évêque de Capse. C’est
là, dans une bourgade
ignorée de la Tartarie occidentale, que repose, en
attendant la résurrection
glorieuse, le premier vicaire apostolique de la Corée.
Sa mission était
remplie. Dieu l’avait suscité pour ouvrir la route de
la Corée aux
missionnaires : lorsque cette route fut ouverte, il
alla recevoir sa
récompense. L’évêque de Capse a tracé lui-même, sans y
penser, son portrait
dans une lettre adressée aux directeurs du séminaire
de Paris. Parlant des
qualités que devait avoir un missionnaire destiné à la
Corée, il disait : « Ce
doit être un homme solidement pieux, d’un caractère
ferme sans être
enthousiaste, d’une constance à n’être jamais rebuté
par les difficultés, les
dangers et les contradictions de tout genre dont il
sera environné. Ce doit
être un prêtre qui se condamne généreusement à tous
les sacrifices, et qui ne
voie que Dieu en tout. » Tel fut Mgr Bruguière. La
prière et la mortification
étaient ses vertus favorites. Il observait un jeûne
presque continuel. Chaque
semaine il récitait l’office des morts. Chaque jour, à
la récitation ordinaire
du chapelet, il ajoutait le chapelet des sept
douleurs, et plusieurs autres
prières en l’honneur de la très-sainte Vierge. Chaque
jour il récitait une
prière particulière pour le succès de sa laborieuse
entreprise et pour les
charitables fidèles de France membres de l’association
de la Propagation de la
Foi, vivants ou morts.
Toutes les lettrés de
Mgr Bruguière respirent la simplicité et l’humilité
apostoliques, et montrent
qu’il possédait ces vertus dans un haut degré. «
Quoique j’aie passé une partie
de ma vie dans des grands et des petits séminaires,
écrivait-il au supérieur du
séminaire de Paris, je ne suis pas pour cela un
meilleur directeur. Je n’ai pas
le talent de connaître les élèves et encore moins
celui de les diriger. » — «
Si vous avez trouvé dans ma longue relation, dit-il
ailleurs, quelque chose qui
vous ait choqué, des termes inconvenants, des
jugements téméraires ou quelque
chose de semblable, daignez m’en avertir
charitablement. Je tâcherai, avec l’aide
de Dieu, de me corriger et de réparer le scandale. Je
ne crains rien tant qu’un
pareil malheur. J’attends de votre charité que vous me
fassiez observer tout ce
que vous trouverez de réprôhensible dans ma conduite.
» A cette humilité
étaient jointes une douceur et une bonté parfaites qui
lui faisaient toujours
excuser les fautes du prochain. Lorsque les — 89 — actions d’autrui étaient
évidemment mauvaises, il se rejetait sur l’intention
qui, dans sa pensée, devait toujours être bonne. Et il
agissait ainsi lorsque
lui-même avait à souffrir de ces fautes qu’il
excusait.
Mais la vertu qui
brilla le plus dans Mgr Bruguière fut le zèle. C’est
ce zèle ardent pour l’établissement
du règne de Jésus-Christ qui le porta à se dévouer
seul, sans ressource, sans
savoir s’il serait suivi par d’autres missionnaires,
pour porter l’Évangile en
Corée, et qui lui fit supporter tant de fatigues. « Je
ne suis étonné de rien,
écrivait-il; je m’attends à tout. Quand j’ai demandé
cette mission, et quand je
l’ai acceptée, j’ai prévu tous les travaux et tous les
périls que j’aurais à
essuyer. Jusqu’à ce moment j’en ai trouvé moins que je
ne croyais. Dieu est
partout, il ne m’arrive rien en ce monde que par ses
ordres et par sa
permission. Ses desseins sont toujours justes et
toujours adorables ; mon
devoir est de m’y soumettre avec le secours de sa
grâce.. Je ne m’arrêterai que
lorsque je serai abandonné de tout le monde, et qu’il
me sera absolument
impossible de continuer seul mon voyage. » Lorsqu’il
se mit en route pour la
dernière fois, il était déjà malade, de violents maux
de tête le faisaient
beaucoup souffrir ; son estomac épuisé rejetait
presque toute nourriture ; il
ne pouvait marcher qu’avec- peine; le froid était
très-rigoureux; mais son
amour pour Jésus-Christ était plus fort que tous les
obstacles, et la mort
seule put l’arrêter. L’amour de Dieu, dit le livre de
l’Imitation, n’est lassé
par aucune fatigue, resserré par aucune entrave,
troublé par aucun effroi ;
mais comme la flamme inextinguible, comme le feu de la
torche ardente, il passe
et s’élève à travers tous les obstacles. Amor
fatigatus non lassatur, arctatus
non coarctatur, territus non conturbatur ; sed sicut
vivax flamma et ardens
faeula, sursum erumpit, securèque pertransit.
Après avoir rendu les
derniers devoirs à son évêque, M. Maubant continua sa
route. Arrêtons-nous un
instant ici pour faire connaître le premier
missionnaire français qui pénétra
en Corée. Pierre-Philibert Maubant était né à Vassy,
dans le diocèse de Bayeux,
le 20 septembre 1803, d’une honnête famille de
paysans. Son père se nommait
Charles Maubant, et sa mère Catherine Duchemin. Un
digne ecclésiastique, frappé
des excellentes qualités qu’il avait remarquées en
lui, se chargea de son
éducation et ne le perdit point de vue depuis sa
première communion. Le jeune
Maubant, en effet, se distinguait des enfants de son
âge par sa piété, sa
candeur et son application à l’élude. Une — 90 — bonne femme lui ayant demandé
un jour ce qu’il comptait gagner par ses
continuelles lectures, il répondit : Je veux
m’instruire, et quand je serai
grand, j’irai jusqu’au bout du monde prêcher les
idolâtres. Il tint parole.
Après son ordination, il exerça d’abord le saint
ministère dans deux paroisses,
en qualité de vicaire ; puis, ayant obtenu de son
évêque la permission
longtemps sollicitée de se consacrer à la vie
apostolique, il entra au
séminaire des Missions-Étrangères le 18 novembre 1831,
pour y éprouver sa
vocation. La pénurie de missionnaires fut cause qu’on
abrégea pour lui le temps
ordinaire de cette épreuve, et, dès le mois de mars
1832, il s’embarqua au
Havre pour Macao. Le voyage fut heureux, et après une
relâche de quelques
semaines à Manille, il arriva eh Chine, le 11
septembre de cette même année.
Destiné à la province
du Su-tchuen, il se mit en route pour cette mission,
et voyagea quelque temps
en compagnie de Mgr Bruguière. La vue de ce courageux
évêque, qui s’en allait,
tout seul, au secours des pauvres chrétiens de Corée,
toucha vivement son
coeur. Il s’offrit à l’accompagner. M. Maubant n’était
pas doué de ces qualités
brillantes qui préviennent favorablement au premier
abord ; il était sérieux et
grave et avait même quelque chose d’un peu rude dans
le caractère. Mais le bon
évêque de Capse, considérant la piété, le zèle et le
dévouement de son
compagnon, l’accepta volontiers pour missionnaire de
la Corée.
Nous avons vu, dans la
relation du voyage de Mgr Bruguière, comment M.
Maubant, après être demeuré
quelques mois dans la petite chrétienté de Hing-hoa,
au Fo-kien, s’était mis en
roule pour la Corée, avait traversé toute la Chine, et
était entré à Péking, en
plein jour, monté sur un âne. « Je ne puis revenir de
mon étonnement, écrivait
alors même l’évêque de Capse, quand je pense qu’un
missionnaire européen, sans
aucune connaissance de la langue, et presque sans
guide, a traversé toute la
Chine, allant tantôt à pied, tantôt monté sur un âne
ou sur un chariot
découvert, et est entré dans la ville impériale, sans
avoir été reconnu. Il est
peut-être le premier Européen qui soit entré à Péking,
sans un diplôme
impérial. » La stupeur de l’évêque, résidant à Péking,
fut telle, qu’il mit M.
Maubant au secret pendant deux mois : il le fit
ensuite passer secrètement en
Tartarie. Le missionnaire se relira à Sivang, où il
eut bientôt le bonheur
devoir arriver son cher évêque. Il demeura avec lui
dans cette solitude, une
année environ, occupant ses loisirs à — 91 — l’étude de la langue
chinoise. C’est de là qu’après la mort de Mgr
Bruguière, il partit pour se présenter à la frontière
de la Corée.
Au moment de se mettre
en route, il écrivait aux directeurs du séminaire de
Paris les lignes
suivantes, qui feront connaître le fond de son coeur :
« Mon entrée en Corée a
été, je vous l’avoue, la matière d’une méditation bien
inquiétante pour moi,
car je connais assez mon incapacité à remplir la
difficile fonction d’administrer
une mission ; je tremble en y pensant, surtout en
pensant au compte qu’il en
faudra rendre à Dieu. Mais enfin, messieurs et
très-chers confrères, j’ai
toujours cru que je ne pouvais, sans crime, manquer
l’occasion d’aller là où je
crois que le Seigneur m’appelle. Si Jésus-Christ, qui,
je le crois, nous envoie
maintenant par votre ministère, avait voulu employer
des hommes de science et
de talents reconnus, pour publier le saint Evangile,
il n’aurait pas manqué d’adjoindre
au grand apôtre, Gamaliel et Nathaiiael. Saint
Augustin, cependant, nous dit qu’ils
n’ont pas été admis à l’apostolat, parce qu’ils
étaient docteurs de la loi.
Avant de quitter la France, et bien des fois depuis,
je me suis fait cette
double question: es-tu digne? es-tu capable de.
remplir des fonctions, si.
relevées et si difficiles? II me semble, néanmoins,
que j’ai obéi à la voix du
bon Dieu, quoique j’aie reconnu toujours mon indignité
et mon incapacité. Que
faire encore dans cette difficile circonstance, où les
mêmes pensées se
présentent? Comme par le passé, je crois qu’il faut
marcher là où l’obéissance
appelle, reconnaître la volonté de Dieu dans les
circonstances diverses qui se
présentent, et s’abandonner au secours et à
l’assistance delà divine
miséricorde. C’est dans ces sentiments, messieurs et
très-chers confrères, que
je pars lundi de Sivang, par la route qu’avait prise
feu mon très-cher seigneur
de Capse, pour me présenter à Pien-men, au temps
marqué par les Coréens.
« Je prie chacun de
vous en particulier de célébrer, pour votre serviteur
et pour la mission de
Corée, six messes votives : la première de la
très-sainte Trinité, pour obtenir
qu’elle seule soit adorée en Corée, et que le culte
idolàtrique, et tout autre
contraire à la foi catholique, y soit anéanti ; la
seconde du SaintÉsprit, afin
qu’il daigne éclairer et animer de plus en plus les
esprits et les coeurs des
missionnaires el des chrétiens de Corée, faire
connaître et embrasser la foi
catholique à ceux qui ne la connaissent pas; la
troisième de la Passion, pour
que JésusChrist daigne nous apprendre à souffrir, à
son exemple, avec — 92 — patience et résignation,
toutes les peines qu’il lui plaira de nous envoyer
ou de permettre qui nous arrivent, à nous et à nos
ehers Coréens; la quatrième
de la très-sainte Vierge, afin qu’elle daigne nous
prendre, nos chers Coréens
et nous, sous sa protection maternelle ; la cinquième
en l’honneur des saints
Anges, et particulièrement des anges protecteurs de la
Corée, pour les
remercier et les prier de continuer à protéger ce pays
avec un soin particulier
; la sixième de la Propagation de la Foi, pour obtenir
du Seigneur qu’il daigne
aplanir les difficultés, diminuer les obstacles, et
faire croître et fructifier
la semence du divin Evangile en Corée. »
Dieu, qui aime à se servir,
pour instruments de ses miséricordes, des humbles qui
mettent en lui leur
confiance, bénit l’entreprise de son serviteur. Cinq
mois plus tard, M. Maubant
écrivait une nouvelle lettre aux directeurs du
séminaire des
Missions-Étrangères. Elle commençait par ces mots : «
Rendons grâces à Dieu,
messieurs et très-chers confrères, » et était datée de
Han-iang (Séoul),
capitale du royaume de Corée. Voici comment le
missionnaire raconte les
péripéties de son voyage :
« Le 12 janvier 1836,
vers minuit, je partis de Pien-men accompagné de cinq
chrétiens coréens. Je
devais passer trois douanes, la première à Pien-men
même, et les deux autres
aux confins de la Corée. On m’avait bien indiqué ce
que j’aurais à faire pour
les passer, mais ce n’était pas en ces moyens que je
mettais ma confiance. Je m’adressai
au bon Dieu et à la très-sainte Vierge ; je priai
cette bonne mère de tout mon
coeur, et par tous les motifs imaginables, de me
protéger et de m’obtenir la
divine assistance de Jésus. Voici, selon que je puis
l’exprimer, ce que je
sentis et entendis dans mon âme : tu n’as rien à
craindre, il ne t’arrivera
aucun mal. Lorsque nous eûmes passé, sans encombre, la
première porte, je
remerciai le bon Dieu et la sainte Vierge. Mon guide
principal parlait chinois
; il me dit avec un transport, de joie : en voilà une
de passée. Les chrétiens
se communiquèrent leur satisfaction et on m’invita à
monter à cheval. Nous n’en
avions qu’un. Je les remerciai et leur dis de se
servir eux-mêmes de cette
monture. Nous traversâmes les plaines et les forêts
désertes qui servent de
limites à la Mandchourie et à la Corée. Elles
comprennent un espace d’environ
douze lieues de large sur vingt de long. Le côté
oriental est bordé par les
trois branches d’un fleuve fameux, nommé en langue
chinoise Ya-lu-kiang ; la
branche la plus voisine de la Corée est la limite
légale des deux Etats. Le
fleuve est glacé pendant trois — 93 — ou quatre mois de l’année, el
c’est la seule époque à laquelle les
missionnaires pourront, entrer dans ce pays, jusqu’à
ce que nous ayons trouvé d’autres
voies.
« Deux lieues à peu
près avant d’arriver à ce fleuve, deux de mes
conducteurs partirent avec le
cheval qui nous aurait embarrassés, et nous
prolongeâmes notre marche de
manière à n’arriver à la dernière branche du fleuve,
sur la rive gauche de
laquelle se trouve la douane la plus redoutable, que
sur les dix ou onze heures
de la nuit.
«
Lorsque nous eûmes fait environ une lieue, on me dit
que nous approchions.
Quelques Coréens venaient à notre rencontre. Aussitôt
on me fit signe, je me
laissai tomber et je restai couché par terre,
gémissant comme un malade, jusqu’au
moment où ils ne purent plus nous voir. Ensuite on me
fit relever pour
traverser plusieurs groupes de marchands coréens
arrêtés sur la route pour
prendre leur repas, car il n’y a aucune auberge entre
Pien-men et la frontière
de la Corée. Enfin nous traversâmes les deux premières
branches du fleuve et
nous arrivâmes à la troisième, bien fatigués. Depuis
minuit de la nuit
précédente, nous étions en route, et presque toujours
à pied, je n’avais pas.
fait deux lieues à cheval. Celui qui était désigné
pour me porter, Pierre
Som-pey, me prit alors sur son dos, et nous nous
avançâmes à petits pas, en
traversant le fleuve, jusqu’à une perche environ de la
porte d’I-tchou
(Ei-Tsiou), où se trouve la douane coréenne. Au lieu
de nous exposer aux
dangers de l’inspection et des questions que font
ordinairement les préposés de
cette douane à chaque voyageur, nous enfilâmes un
aqueduc construit dans le mur
de la ville. Un de mes trois conducteurs était déjà
passé, et se trouvait à une
portée de fusil en avant, lorsqu’un chien de la
douane, nous apercevant sortir
du trou, se prit à aboyer contre nous. Allons,
pensais-je en moi-même, c’est
fini. Les douaniers vont venir; ils vont nous voir en
fraude et nous
questionner longuement : ils me reconnaîtront
infailliblement pour étranger.
Que la volonté de Dieu soit faite ! Le bon Dieu ne
permit pas cependant qu’il
en arrivât ainsi; nous continuâmes à avancer dans la
ville et personne ne
parut.
« Je pensais que nous
allions entrer de suite dans quelque auberge ou dans
quelque maison destinée à
me cacher ; point du tout. Nous avions encore à passer
une douane. Il y avait
un autre aqueduc dans les murs du quartier où nous
nous trouvions ; nous nous
glissons dans cet. aqueduc. Au moment où j’y entrai,
j’aperçus à l’autre bout
un homme qui passait, une lanterne à la — 94 — main. Je pensai de nouveau au
danger que nous courions, mais rien de
fâcheux ne nous arriva. Enfin, à quelques pas de là,
on m’introduisit dans un
petit appartement qui avait la forme d’un grand four
de boulanger. Trois
chrétiens étaient venus auparavant le disposer pour
recevoir mon très-cher
seigneur de Capse, afin de n’être pas obligés d’entrer
dans une auberge à une
heure indue. J’y retrouvai celui de mes conducteurs
qui était parti en avant
avec le cheval. Nous prîmes une misérable collation de
navets crus salés et de
riz cuit à l’eau, et nous nous étendîmes comme nous
pûmes, au nombre de six,
dans cette étroite enceinte, pour y passer le reste de
la nuit. Deux ou trois
heures après, il fallut prendre un second repas
semblable au premier et se
remettre en route une heure avant le jour. Mes pieds
étaient couverts d’ampoules
; mais ces sortes de peines n’arrêtent pas un
missionnaire. Je repartis donc à
pied comme la veille. A trois ou quatre lieues
d’I-tchou, je trouvai deux
autres chrétiens, avec deux chevaux : dès lors, je
continuai mon voyage
ordinairement à cheval.
« Il eût été plus
facile de me cacher, si j’avais voyagé en voiture ;
mais les Coréens
connaissent à peine ce moyen de transport. Je n’ai pas
vu dans toute ma route
plus de trente voitures. Ce sont des espèces de
grandes et larges échelles,
garnies d’échelons d’un côté, jusqu’au milieu
seulement, et fermées de l’autre
par une forte barre. Ces échelles sont montées sur
deux roues, de la hauteur et
de la dimension des roues de charrue ; on abat le bout
dépourvu d’échelons sur
le cou d’un boeuf, et on l’y attache avec une corde
passée sous la gorge. Voilà
toutes les espèces de voitures et d’attelages qu’il y
a en Corée. Les gros
fardeaux se transportent sur des boeufs, et les moins
pesants sur des chevaux.
« Deux jours avant d’arriver
à Han-iang, capitale de la Corée, je rencontrai cinq
chrétiens, que M. Yu avait
envoyés audevant de moi. Nous nous trouvâmes douze
hommes et nous avions trois
chevaux : il n’en fallait pas tant pour attirer les
regards et augmenter le
danger. Les groupes les plus nombreux de voyageurs que
nous avions rencontrés,
étaient de cinq ou six personnes. Aussi Paul Ting
(Tieng) et François Tchio
(Tsio), mes deux principaux guides, voulurent-ils nous
diviser pour entrer dans
la capitale. Un chrétien me précéda à cheval et deux
autres me suivirent à
pied. C’est ainsi que j’entrai dans la ville avec
moins de danger. Les autres
chrétiens restèrent par derrière. On me conduisit aux
maisons que les Coréens
avaient achetées — 95 — deux ans auparavant, avec la
somme donnée par mon très-cher seigneur de
Capse. J’y trouvai M. Yu, avec une vingtaine de
chrétiens. »
A peine arrivé dans la
capitale de la Corée, M. Maubant voulut s’appliquer
uniquement à l’étude de la
langue du pays ; mais les chrétiens ne lui en
laissèrent pas le loisir. Tous
désiraient recevoir les sacrements : ils craignaient
de mourir ou de voir
mourir leur missionnaire avant d’avoir pu se confesser
et recevoir la sainte
communion. Ceux qui connaissaient les caractères
chinois, écrivaient leur
confession ; ceux qui ne les connaissaient pas, la
faisaient écrire par d’autres.
Ils priaient le missionnaire de vouloir bien leur
permettre de se confesser par
interprète. A la vue de cet empressement, M. Maubant
entreprit d’écrire une
formule d’examen de conscience en chinois, pour la
traduire ensuite en coréen.
Dès lors, il fut moins que jamais maître de ses
moments. « Ce matin,
écrivait-il le samedi saint, deux mois après son
arrivée, nos chrétiens étaient
au comble de la joie. Ils n’avaient jamais vu célébrer
l’office du samedi
saint. Ils ont vu un seul prêtre le célébrer.
Qu’auraient-ils dit s’ils avaient
vu un office pontifical ? La cérémonie a duré depuis
cinq heures jusqu’à midi
environ ; je dis environ, car nous n’avons ni montre,
ni horloge, ni aucune
espèce de cadran. J’ai baptisé sept adultes. Le plus
grand obstacle à la beauté
de la cérémonie, après le défaut d’officiers, venait
de l’appartement même.
Nous avions ajusté une croix au bout d’un roseau, mais
on ne pouvait élever
au-dessus de sa tête ni la croix, ni le cierge pascal,
ni le roseau.
Ordinairement, on ne peut entrer dans les appartements
des Coréens sans se
courber : un homme de cinq pieds et quelques pouces
n’y est pas à l’aise. »
Après Pâques, M. Maubant
continua ses travaux apostoliques, d’abord à Séoul,
ensuite dans les provinces
de Kiang-ki-tao et Tchong-tching-tao, où il visita
seize ou dix-sept
chrétientés. Au mois de décembre, il avait baptisé
deux cent treize adultes et
entendu plus de six cents confessions. Il établissait,
partout où il le
pouvait, des catéchistes pour réunir les chrétiens aux
jours de dimanches et de
fêtes. Dans ces réunions, on prie en commun, on lit
quelques passages du
catéchisme, de l’Évangile, de la Vie des saints, etc.
; puis le catéchiste, qui
ordinairement est le chrétien le plus capable et le
plus instruit du village,
explique ce qu’on a lu.
Un moment, on put
craindre que la persécution ne vînt troubler ces
travaux à peine commencés.
Après la mort de son — 96 — fils Ik-tsong, qui avait été
quelque temps associé au gouvernement, le roi
Sioun-tsong était resté seul en possession des
prérogatives royales; mais,
accablé de chagrin et devenu presque imbécile, il ne
survécut pas longtemps, et
mourut en l’année 1832, laissant pour héritier un
autre fils âgé seulement de
sept ou huit ans. Cet enfant fut proclamé roi, et le
gouvernement se trouva
confié à la reine Kim, sa grand’mère paternelle,
assistée d’un conseil de
régence composé de trois ministres. Ce conseil
administrait l’État depuis plus
de quatre ans, lorsque, dans le cours de 1836, deux
traîtres, qui avaient fait
semblant de se convertir, livrèrent entre les mains
des satellites, l’un à
Séoul, trois chrétiennes baptisées et cinq
catéchumènes, l’autre à Àn-iang,
canton de la province de Tchong-tching-tao, tous les
chrétiens d’un village,
réunis la nuit pour la prière. Les satellites n’en
arrêtèrent que deux, qu’ils
traduisirent au mandarin du lieu. Quatre des
catéchumènes, arrêtées à Séoul,
eurent la faiblesse d’apostasier devant le tribunal,
mais la cinquième demanda
et reçut le baptême dans la prison, et confessa sa foi
au milieu des tourments,
avec les trois chrétiennes ses compagnes.
« Le persécuteur,
raconte M. Maubant, leur demanda qui leur avait
enseigné la doctrine. J’avais,
quelque temps auparavant, entendu la confession des
trois chrétiennes. Si elles
avaient découvert toute la vérité, je serais peut-être
déjà avec le bon Dieu et
les saints dans le paradis ; mais il faut espérer que
ce qui est différé n’est
pas perdu. Quand on annonça l’arrestation de ces
chrétiennes et catéchumènes au
premier des trois régents du royaume, il garda tout
d’abord un morne silence :
« On a mis autrefois à mort, dit-il au mandarin qui
lui apportait cette
nouvelle, un grand nombre de chrétiens, et il n’en est
survenu aucun avantage
pour la famille royale, au contraire ; allez donc et
arrangez cette affaire
pour le mieux. » Ses deux collègues firent, dit-on, la
même réponse. De ce
moment, on n’a plus torturé ni questionné les
chrétiennes captives, cependant
elles sont gardées dans la prison. Le mandarin ou les
régents firent revenir à
différentes reprises les quatre catéchumènes qui
avaient renié la foi, pour
solliciter les fidèles chrétiennes à apostasier, comme
elles l’avaient fait elles-mêmes.
Heureusement là voix de la grâce a été plus forte que
celle du démon. J’avais
aussi entendu la confession d’un des chrétiens arrêtés
à An-iang ; je ne
connais pas l’autre : tous deux ont persévéré dans la
foi. Le mandarin d’An-iang,
indigné, dit-on, de la conduite du malheureux qui lui
avait dénoncé les
chrétiens, le fil appeler. « Comment-, lui dit-il, — 97 — misérable montagnard, tu oses
ainsi usurper l’autorité des magistrats ! et
par le seul motif d’une noire malice, tu vas troubler
de paisibles et fidèles
sujets du prince!... » On assure que le mandarin a
donné du poids à cette
réprimande en la faisant suivre d’une vigoureuse
bastonnade; quelques-uns
ajoutent même que cet homme est condamné à l’exil. Je
crois bien que les
chrétiens, surtout ceux d’An-iang, ainsi que les
parents des captifs, auront eu
du mal, en apprenant cette nouvelle, à repousser de
leur coeur des pensées de
satisfaction peu charitables. »
Une autre cause de
chagrin pour le missionnaire, c’était le spectacle de
la misère à laquelle les
pauvres chrétiens étaient réduits. « Toujours
persécutés, écrivait-il alors,
ils n’ont pas cessé de se cacher. Pour éviter de
participer aux superstitions
et aux idolâtries des païens, la plupart ont été
obligés de fuir dans les
montagnes, de se réfugier dans des lieux que personne
n’avait jamais voulu
habiter à cause delà stérilité. Lorsqu’ils savent ou
soupçonnent que les païens
les connaissent, ils disposent de leurs fonds le plus
promptement possible. S’ils
ne trouvent pas d’acheteurs, ils abandonnent tout et
s’enfuient dans un autre
lieu, où ils espèrent pouvoir vivre quelque temps en
sûreté ouavec moins de
danger. Ces émigrations trop souvent répétées en ont
déjà réduit un grand
nombre à un état de dénûment audessous de la
mendicité. Je ne puis vous donner
une idée véritable de la misère des pauvres en Corée.
J’ai vu au coeur de l’hiver,
par un froid de 10 à 12 degrés, des enfants presque
entièrement nus, noirs de
froid, gémir à la porte des infidèles. Des racines
d’herbes sauvages, arrachées
dans les forêts, et de l’eau, voilà la nourriture d’un
grand nombre de nos
chrétiens, à certaines époques. »
Mais la plus grande
affliction de M. Maubant, pendant, les premiers mois
de son séjour en Corée, la
plus terrible épreuve que la Providence lui ménagea,
ce fut la conduite du P.
Pacifique Yu. Nous avons vu l’opposition mal
dissimulée de ce prêtre chinois, à
toutes les tentatives, à tous les arrangements de Mgr
Bruguière. En voici la
cause et l’explication. Le P. Yu s’était, il est vrai,
offert avec beaucoup de
zèle à la Propagande, pour la mission de Corée ; son
entrée dans ce pays avait
comblé de joie les chrétiens qui soupiraient, après un
pasteur; mais ce zèle
tomba presque tout à coup, et cette joie des néophytes
se changea en douleur.
Le P. Yu, arrivé à la capitale, refusa d’apprendre la
langue coréen, rendant ainsi
l’accès des sacrements à peu près impossible au plus
grand nombre des — 98 — fidèles ; il s’enferma à la
capitale, sans vouloir visiter aucune des
chrétientés des provinces ; il abusa de son ministère
pour battre monnaie, et
sut s’enrichir au milieu de’ses ouailles qui mouraient
de faim ; il fit plus,
il déshonora publiquement son sacerdoce par une
odieuse immoralité. On peut
imaginer le scandale épouvantable que causèrent de si
honteux désordres.
M. Maubant fut bientôt
instruit de tous ces faits. En vain il tenta les voies
de la douceur et fit au
coupable de paternelles remontrances. Celui-ci fut
sourd à ses avis, et à la
fin, M. Maubant, en vertu des pouvoirs qu’il tenait du
Saint-Siège comme
supérieur de la mission de Corée, fut forcé de lancer
l’interdit. Le P. Yu
voulut résister; il essaya de se faire un parti parmi
les néophytes, mais,
grâce à Dieu, leur foi simple et naïve triompha de ses
insinuations, ils se
séparèrent de lui ; de sorte qu’abandonné de tous, il
fut forcé, après bien des
tergiversations, de reprendre la route de Chine pour
retourner dans sa province
natale du Chang-si. Terrible leçon, pour tous les
chrétiens et spécialement
pour les ouvriers apostoliques, de mettre en Dieu seul
leur confiance, et de se
défier toujours des tentations de la chair et du démon
! Cet infortuné, qui
avait l’honneur de succéder au glorieux martyr Tsiou,
qui vivait sur la terre
des martyrs, qui pouvait lui-même espérer à chaque
instant l’honneur de donner
sa vie pour JésusChrist, ne sut, au milieu de tout
cela, trouver que l’aveuglement,
l’infidélité et le crime. |